Peut-on attraper froid ?

Photo : Matthew Henry

Fléau saisonnier

Dans la croyance populaire, le froid est responsable de notre nez coulant et de nos éternuements durant la période hivernale depuis toujours. Il faut s'habiller chaudement et ne pas se découvrir aux températures proches de zéro. Lorsque le grelottement survient, après s'être attardé à l'extérieur, l'inquiétude monte et, le lendemain, si l'éternuement nous surprend, la relation se fait instinctivement. "Voilà! J'ai  attrapé froid !". Nous sommes ainsi en route pour une semaine de consommation de mouchoirs intensive, de médicaments contre "le refroidissement" et de ton plaintif, le tout agrémenté d'une démarche et d'une allure dignes des meilleurs films de zombies de notre époque. Mais que dit la science sur la corrélation entre les températures glaciales et le rhume?

Le rhume

Ebullition médiatique

En décembre 2022, des articles fleurissent de toute part dans les médias, annonçant la confirmation qu'il est possible d'attraper froid. Le journal Le Monde titre, le 6 décembre 2022, "les chercheurs ont découvert comment nous prenons froid". France Inter, le 11 décembre de la même année, "Le "coup de froid" aurait finalement un fondement scientifique, selon une étude américaine" et bien d'autres emboitent le pas. Mais qu'en est-il réellement ? 

La croyance s'oriente sur la peur du froid en lui-même comme élément déclencheur du rhume, par conséquent, les titres de ces journaux laissent penser que cette crainte est justifiée mais lorsque l'on s'attarde sur l'article scientifique au cœur de cet émoi, Cold exposure impairs extracellular vesicle swarm–mediated nasal antiviral immunity par Di Huang et al., il apparait que cette étude, qui apporte une avancée majeure dans le domaine, conclu que le froid neutralise une partie de nos défenses immunitaires. Dans notre nez, des vésicules extracellulaires sont libérées lorsqu'un intru, de type viral ou bactérien, s'immisce dans notre système, afin de s'y attaquer et de le neutraliser. Lorsque les températures extérieures chutent, leur nombre et leur efficacité sont amoindris, ce qui laisse une route plus dégagée aux virus du rhume, par exemple.  

Conclusion

Comme nous pouvons le constater, la réponse à la question est plus compliquée qu'il n'y parait. Le froid n'est pas responsable de manière direct du rhume mais ce dernier contribue à faciliter la transmission des virus. Si vous vous adonnez au naturisme en solitaire en pleine hiver, vous risquez surtout l'hypothermie mais si vous avez tendance à vous entourer de vos congénères alors le risque d'attraper le premier virus qui passe est accru.

Conclusion, en hiver, mieux vaut avoir une tendance à la misanthropie.

Portez-vous bien.

Le Renard