Le renard : nuisible ou victime ?

Photo : Phil Plante

Piqure de rappel

Pour commencer, et afin de remettre les choses à leur place, l'ancêtre du renard (Vulpes), presque identique à nos renards actuels, est Vulpes alopecoides et date d'environ 500'000 ans. L'homme moderne ou homo sapiens date d'environ 300'000 ans. En 500'000 ans, le renard s'est adapté à son environnement (naturel et urbain) en dévorant quelques poules et en renversant quelques poubelles. Les études actuelles sur la 6ème extinction de masse (Holocène) estiment entre 150'000 et 260'000 le nombre d'espèces animales et végétales éteintes en un peu plus de 500 ans. L'extinction de l'Holocène est totalement due à l'activité humaine. Pour être plus clair, homo sapiens est responsable de la 6ème extinction de masse et du réchauffement climatique en un temps record.

Les faits étant posés et notre anthropocentrisme étant mis en lumière, je vous offre l'opportunité de méditer sur le terme "nuisible". 

Une image de paria depuis le Moyen Âge

Transmission de maladies

Le goupil se voit accusé de transmettre un certain nombre de maladies comme la rage. Cette dernière est une accusation fondée, puisque, à l'époque, il est le premier vecteur de transmission de la rage mais la vaccination a quasiment éradiqué la maladie. Le dernier cas de rage observé sur un renard, en France, date de 1998. Cependant, la maladie reste toujours présente chez les canidés en Alaska et en Europe centrale. La chasse au renard à longtemps été justifiée par un besoin d'éradiquer le virus de la rage sauf que les dernières études montrent que la seule manière de réduire à néant la maladie est la vaccination, rendant, de ce fait, caduc l'argument des chasseurs.

Le renard est également porteur potentiel de leptospirose, une maladie infectieuse touchant les mammifères. Cependant, les réservoirs principaux de ces bactéries sont les rongeurs, les chiens et les animaux d'élevage (porcs, vaches, chevaux, ...).La contamination se fait par le biais des eaux douces souillées par les urines des sujets infectés. La maladie, même sous ses formes les plus graves, se soigne plutôt bien avec un antibiotique.

La tularémie, maladie infectieuse, est également citée, bien que le goupil n'y soit pas spécialement sujet. La transmission à l'homme passe généralement par le lièvre mais peut se voir transmise par une piqure de tique. F. tularensis, bactérie responsable de la maladie, se soigne par des antibiotiques. 

Le goupil peut être porteur de diverses autres maladies communes à tous les mammifères.

Les puces trouvent, également, refuge dans le pelage des canidés au poil roux mais ces derniers ne sont pas plus infestés que les autres animaux sauvages.

Pour résumer, la transmission des maladies ne me semble pas être un argument solide pour définir Vulpes vulpes comme nuisible.

Néfaste pour l'écosystème ?

D'autres arguments anti-renard

Invasion de l'Australie

Le renard prolifère énormément en Australie et menace l'écosystème en dépeuplant le petit gibier. Cette cause est humaine puisqu'il a été introduit par l'homme au milieu des années 1800 pour calmer la prolifération de lapins, eux aussi introduits au 18ème siècle par l'homme.

Cette information se passe de commentaire. 

Des renards en ville

Dans le courant du XXème siècle, le goupil s'installe progressivement dans les villes et causes quelques désagréments en renversant les poubelles, à la recherche de nourriture. Effectivement, face à l'agriculture intensive et à l'urbanisation des campagnes, le renard, montrant, comme précisé plus haut, une capacité d'adaptation étonnante, se voit dans l'obligation de migrer dans les zones urbaines. La raréfaction de ses sources d'alimentation due à l'extermination de la biodiversité par les pesticides ainsi que la diminution de son territoire par les constructions humaines, le pousse à s'installer proche des villes. Il me semble, tout de même, qu'il se comporte de manière plus civilisée que bon nombre de citadins.

Tueur de poules sanguinaire

Vulpes vulpes se voit traité de tueur de poules. Il n'est effectivement, pas rare de retrouver un poulailler dévasté par ce dernier, le sol jonché de plumes et de cadavres. L'explication est plutôt simple. Les poulaillers étant des endroits clos dont il n'est pas aisé de sortir, le renard, une fois dans l'arène, se retrouve pris au piège et, sous la panique, s'attaque à tout ce qui l'entoure. Bien évidemment, il n'est pas agréable de retrouver son enclos dans cet état mais il serait bon de mettre quelques faits en évidence. Rappelons-nous que nous sommes, à ma connaissance, la seule espèce se permettant d'enfermer des animaux pour ses besoins personnels, que ces espèces sont réduites en esclavage (sans moralisation aucune, puisque je ne suis ni vegan extrémiste, ni même végétarien. Ce n'est qu'un simple constat basé sur des faits) et que, si nous souhaitons maintenir ces esclaves sous notre joux, notre responsabilité est de faire en sorte que ces derniers soient protégés de toute tentative de libération ou d'extermination. Si le renard a su se faufiler dans l'antre sacrée des pondeuses, pas la peine de s'en prendre à ce dernier. Son souhait n'est pas de vous nuire mais de se nourrir. A vous de faire en sorte qu'il ne puisse pas y accéder. 

Illustration générée par IA (DALL-E)

Domestication

Malgré mon amour inconditionnel pour les renards et les animaux en général, je ne suis, personnellement, pas pour la domestication de mammifères sauvages pour deux raisons simples : Leur place est dans la nature, leur permettant un territoire vaste (normalement), et nous avons créé des mutants domestiques comme les chiens et les chats afin de nous tenir compagnie. Contentons-nous de ces derniers dans nos habitations et contemplons la nature de loin en essayant d'interférer le moins possible.

Le mot de la fin

Avec les recherches actuelles, il est difficile de maintenir que Vulpes vulpes est un nuisible. Par conséquent, je pense qu'il serait judicieux de reconsidérer cette appellation pour le renard roux et la famille Vulpes dans sa globalité. Pour changer cela, voici une pétition, qui arrive aux 500'000 signatures, afin de supprimer le renard des espèces nuisibles en France ainsi qu'une pétition suisse pour l'abolition de la chasse.

À mon humble avis, il serait bon de laisser les animaux sauvages en paix et de faire en sorte que notre consommation de produits issus d'animaux soit plus éthique et responsable, en consommant local et en se renseignant sur les conditions d'élevage. Je suis conscient qu'il n'est pas toujours facile de faire attention à tout cela et que, à l'heure actuelle, il y a beaucoup de problèmes à gérer mais faisons en sorte de vivre plus en adéquation avec la planète sur laquelle nous sommes.

Bien à vous

Le Renard