Véganisme : santé et écologie

Photo : Yoav Aziz

Le véganisme, c'est quoi ?

Le terme "véganisme" est une francisation du mot anglais "veganism" qui signifie végétalien intégral. Il est une philosophie de vie dérivée du régime végétarien, consistant à se passer de produits alimentaires d'origine animale, mais étendant cette restriction à tous les produits issus de l'exploitation animale. Par conséquent, le cuir, les perles, la soie ou les cosmétiques testés sur des animaux sont proscrits. Pour certains, l'utilisation d'animaux dans le cadre de loisirs ou la possession d'animaux domestiques est une entorse au véganisme. Le végan est, de fait, antispéciste et considère l'homme au même niveau que n'importe quelle espèce vivante. 

Bénéfices pour la santé

Malgré une littérature scientifique plutôt maigre sur le sujet, des études observationnelles mettent en lumière certain bénéfices potentiels du régime végan. Il semblerait que celui-ci favorise un meilleur IMC (indice de masse corporelle) malgré le fait qu'il soit difficile d'établir un lien de causalité et que cette indice est sujet à débat. Une étude met en évidence une diminution du risque de diabète de type 2 mais, l'échantillon étant faible, la généralisation est, pour le moment, incertaine. Une méta-analyse, bien plus solide, atteste de la diminution du risque d'hypertension chez les végétariens et les végans.  

Risques de carences 

En évitant tout produit animal, le végan souffre, souvent, de carences, notamment en vitamines B12 et D, en fer et en calcium. Ces manques induisent, dans la population végan, un plus haut risque de fracture (carence en calcium), un fonctionnement musculaire défaillant (carence en B12 et D), des lésions nerveuses (carence sévère en B12) et de la fatigue (carence en fer). Le végétarien, quant à lui, a moins de risque d'être carencé puisqu'il consomme des produits laitiers et des œufs. Il est recommandé, dans ce genre de régime, de se faire suivre par un(e) nutritionniste afin d'éviter des soucis de santé. Naturellement, il est tout à fait possible de palier à ces carences par le biais de compléments alimentaires mais il est nécessaire de faire des prises de sang afin de déterminer les doses adéquates et de choisir le complément qui convient. Il est important de préciser que les compléments alimentaires en libre-service ne sont pas des médicaments mais considérés comme des denrées alimentaires. En Suisse, le règlement est très strict sur ces derniers mais certains compléments que l'on peut retrouver en commande sur internet, n'étant pas soumis aux règles suisses, peuvent contenir une dose trop élevée et/ou des produits dangereux pour la santé. Un dose supérieur aux recommandations peut induire des effets secondaires indésirables voir une dégradation de la santé.

Les recommandations pour palier à ces carences sont une bonne connaissance des aliments pouvant offrir un équilibre alimentaire sain, un suivi avec un(e) spécialiste et la prise contrôlée de compléments.

Photo : Online Marketing

Tofu, une bonne alternative ?

Le tofu est un aliment constitué de lait de soja coagulé et d'eau. Il constitue un bon apport en protéines, calcium et fer et est donc un bon substitut. C'est pour cette raison qu'il est largement employé dans les régimes excluant viande et poisson. Cependant, il est important de noter que la production de soja est responsable, à plus de 30%, de la déforestation tropicale. Le problème n'est donc pas le tofu en lui-même mais la production intensive du soja qui, soit dit en passant, est en grande majorité utilisé pour l'alimentation animale (principalement les poules). En Amérique du sud, le soja est, en quasi totalité, génétiquement modifié. Il est donc préférable de privilégier les circuits courts mais, la production de soja nécessaire actuellement demandant un nombre d'hectares gigantesque et beaucoup d'eau, il est impossible de répondre à cette demande. Le soja demande 900 litres d'eau pour un kilo produit. A titre de comparaison, il faut 590 litres d'eau pour la même quantité de pomme de terre et environ 700 litres (selon le consensus scientifique) pour la viande bovine. En conclusion le tofu semble un aliment intéressant d'un point de vue nutritionnel mais peu pertinent écologiquement parlant.

Bulle d'information bonus : Il y a tout un tas de bonnes raisons de réduire drastiquement l'élevage d'animaux, comme le bien-être animal ou les émissions à effet de serre mais la consommation d'eau n'en fait pas partie. Non, l'élevage bovin ne demande pas 15'000 litres d'eau pour un kilo et non, ce même élevage ne demande pas 20 à 50 litres d'eau pour un kilo. Prenez garde aux informations orientées qui circulent. 

Ecologie

Conclusion

Le véganisme demande beaucoup de sacrifices et d'adaptation et n'est pas forcement à la portée de tout le monde. Il en résulte, néanmoins, un bénéfice, tant, potentiellement, au niveau de la santé qu'au niveau de l'écologie, pour autant que les quelques points susmentionnés soient respectés afin d'assurer les concordances avec la philosophie végan. Comme dans la plupart des modes de vies alternatifs, les extrémistes foisonnent et leur présence est délétère pour la cause. Ne jugez pas vos voisins sous prétexte qu'il ne remplissent pas VOS critères de vie. Développez vos points de vue de manière objective. Si les arguments sont amenés sereinement et sont solides, votre interlocuteur ne peut que les accepter et poursuivre sa vie avec ces informations.

Personnellement, je ne suis ni végan ni végétarien. Soucieux de l'environnement et du bien-être animal, je suis conscient que mon mode de vie est dichotomique mais je tente de faire des efforts.

Ne vous sentez pas coupables de ne pas réussir à éliminer les produits animaux de votre quotidien mais renseignez-vous sur le fonctionnement du monde et tentez d'évoluer pour être en accord avec vos valeurs. Les flexitariens s'oriente vers une diminution de leur consommation de viande (par exemple, une fois par semaine). En couplant cela avec une consommation locale, vous faites un geste pour la planète.

L'argument financier revient régulièrement contre le véganisme mais ce dernier concerne particulièrement les plats préparés labellisés "vegan". Lorsque vous décidez de vous mettre aux fourneaux et d'acheter local, vous constatez rapidement que cet argument est caduc.

En conclusion, à mon humble avis, les régimes végans, végétariens, flexitariens et autres sont à encourager pour la planète et, potentiellement, pour la santé. Attention cependant au sophisme du retour à la nature. Les régimes vantant des retours à des alimentations datant de la préhistoire ou des régimes peut diversifiés sont souvent mauvais pour la santé. Le stade d'évolution actuel de notre corps ne permet pas n'importe quelle alimentation. Mangez varié, mangez local, mangez sainement, mangez en connaissance de cause.

Bien à vous

Le Renard